Passage à l’acte, patient dangereux, psychiatrie légale
PRINCIPAUX ASPECTS NOSOGRAPHIQUES DES PASSAGES A L’ACTE CRIMINEL |
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CATEGORIES DIAGNOSTIQUES |
PREMEDITATION |
VIOLENCE CONTRE LES PERSONNES |
VIOLENCE CONTRE LES BIENS |
MOMENTS PRIVILEGIES POUR LE PASSAGE A L’ACTE |
VECU DU MALADE A L’OCCASION DE SON PASSAGE A L’ACTE |
ALCOOLISME CHRONIQUE |
Passage à l’acte favorisé par la détérioration mentale. Eventuelle ivresse surajoutée |
Conjoint agressé, rixes, homicides (fréquence importante) |
Vols, escroqueries, désinsertion sociale et vagabondage (fréquence importante) |
Pré-délirium tremens, crises de jalousie, vécu d’impuissance sexuelle, etc |
Troubles caractériels chroniques non reconnus par le malade, qui devient irritable, intolérant, violent |
DEBILITE |
Souvent le fait d’un tiers, qui manipule le sujet |
Meurtres, viols, coups et blessures, etc |
Incendies, destructions diverses, etc |
Alcoolisation, adhésion à une bande |
Vécu d’immédiateté : ne prévoit pas les conséquences à long terme de son acte |
DEMENCE |
Absente, sauf dans le délire sénile de préjudice |
Coups et blessures, exhibitionnisme |
Grivèleries d’aliments, dégradations |
Episodes anxieux ou confuso-oniriques |
Anosognosie. Idéé de revendication dans le délire sénile de préjudice |
EPILEPSIE |
Le « raptus comitial » ne comporte pas de préméditation |
Grande violence classique |
Incendies ou autres violences |
Crises temporales, état de mal temporal avec automatismes psychomoteurs et états crépusculaires de la conscience |
Anosognosie et amnésie post-critique |
IVRESSE PATHOLOGIQUE |
Absente, mais l’alcoolisation étant volontaire, est pénalement répréhensible, s’il s’agit d’une ivresse publique manifeste ou d’un état alcoolique au volant |
Comme pour les psychoses aiguës. Importance des accidents de la route |
Comme pour les psychoses aiguës |
Tout dépend de la tolérance individuelle à l’alcool |
Sensation de toute puissance avec troubles de l’humeur et amnésie post-critique |
MANIE |
Absente. Début brusque de l’accès maniaque |
Hyperérotisme : attentat à la pudeur, viol, etc |
Grivèleries d’aliments, abus de confiance, drandes dépenses, etc |
Virages de l’humeur (posologies médicamenteuses inadaptées, deuil, alcoolisation, etc) |
Euphorie caustique, agressivité verbale ayant tendance à s’embraser face à un public |
MELANCOLIE |
Très importante et dissimulée (suicide imparable). Si virage maniaque, la préméditation peut disparaître |
Homicide* (exceptionnel). Parfois suicide, altruiste collectif |
Rare |
Virages de l’humeur. Insomnie prodromique, décompensation matinale avec passage à l’acte suicidaire |
Auto-accusation, idées de mort. Vécu intense et douloureux |
PARANOIA |
Très organisée, paralogique et vengeresse. Met les atouts de son côté |
Conjoint (jalousie), voisins et médecins (revendication). Gravité de l’agression |
Destructions sournoises et complotées de longue date |
Moments féconds. Phases d’alcoolisation possibles. Etats dépressifs dans les formes sensitives |
S’estime être une victime et veut faire justice lui même |
PSYCHOPATHIE |
Passage à l’acte dans l’instant, sans préméditation |
De fréquence et de gravité variables |
Fréquente et polymorphe : escroqueries, dégradations diverses, etc |
Toutes les formes de frustations. Passages à l’acte itératifs |
Amoralité et impulsivité, désir de revanche envers la société |
PSYCHOSE AIGUE |
Début brutal de l’accès de violence, en général éphémère et non préméditée |
Homicide*, violences physiques ou sexuelles |
Incendie, vol, destructions diverses |
Pendant tout l’épisode délirant. Si le malade se déshydrate, aggravation du risque de décompensation |
Conservation d’un certain lien avec la réalité. Impossibilité de résister à des hallucinations mandatoires |
PSYCHOSE HALLUCINATOIRE CHRONIQUE |
Le délire évolue longtemps à bas bruit, puis s’enkyste. Il génère le projet |
Désignation d’un bouc-émissaire, que le patient voudra éliminer |
Les biens du « persécuteur-persécuté » |
Moments féconds. Ordres hallucinatoires |
Thématique de persécution proche du système paranoiaque : vengeance envers le persécuteur |
SCHIZOPHRENIE |
Classiquement absente : passage à l’acte impulsif et en apparence incompréhensible |
Homicides* envers l’entourage (famille, dont ascendants, amis, médecins). Gravité de l’agression. Prédilection pour les armes blanches |
Vols utilitaires, destructions |
Début de la maladie, moments féconds, changements de traitement |
Paradoxal. N’arrive pas à expliquer son crime. Se vit comme responsable et non coupable |
TOXICOMANIE |
Variable suivant la personnalité du sujet |
Agressions utilitaires (vols avec violence), prostitution |
Dégradations diverses, vols de médicaments, etc |
Etat de manque, état confusionnel ou hallucinatoire |
Conscience lucide lors des vols utilitaires, conscience confuse ou oniroide sous l’effet des toxiques |