Maladie de la vache folle

 

Anthropozoonose (gr. anthrôpos ; zôon, animal ; nosos, maladie). Maladie commune aux hommes et aux animaux vertébrés (p. ex. les arboviroses)

Epizootie (gr. épi; zôon, animal)[angl. Epizootic]. Maladie, qui frappe simultanément un grand nombre d’animaux de même espèce ou d’espèces différentes

Prion (Prusiner, 1982) (de l’angl. proteinaceous infection particle)[angl. prion]. Particule infectieuse constituée d’une molécule protéique revêtue d’une surface hydrophobe et, pense-t-on, dépourvue d’acide nucléique (ce n’est donc pas un virus). Elle a été identifiée comme l’agent de la rida ou scrapie (angl. to scrape, gratter) ou tremblante du mouton ; certains groupent p. et viroïdes sous l’appellation de pseudovirus. Les prions seraient à l’origine de certaines maladies dites à virus lents

Zoonose (gr. zôon ; nosos, maladie)[angl. zoonosis]. Maladie, qui frappe surtout les animaux. On tend à réserver ce terme aux affections naturellement transmissibles des animaux vertébrés à l’homme et inversement (charbon, tuberculose bovine, psittacose, etc.)

 

 Maladies chroniques et persistantes du SNC dues au virus et aux prions

Maladie

Agent

Maladie

Agent

Leucoencéphalopathie multifocale progressive LEMP

Virus JC

Creutzfeldt Jakob

Prion

Panencéphalite sclérosante subaiguë

Virus de la rougeole

Gerstmann-Traussler Scheinker

Prion

Panencéphalite progressive de la rubéole

Virus de la rubéole

Kuru

Prion

Paraparésie spastique tropicale

HTLV-1

Insomnie familiale fatale

Prion

SIDA

VIH

Alpers

Prion ?

 

 Les éléments clés du diagnostic

 

Forme sporadique

Formes génétiques

Formes infectieuses

Nouveau variant

Incubation

Dix ans en moyenne pour le kuru et les cas dus à l’hormone de croissance

Inconnue (+++)

Signes cliniques précoces

Démence

Myoclonies

Ataxie cérébelleuse

Variables selon les formes

Ataxie cérébelleuse

Troubles oculomoteurs

Syndrome pyramidal

Troubles psychiatriques

Douleurs

Ataxie cérébelleuse

Syndrome pyramidal

Examens complémentaires contributifs

EEG (ondes lentes périodiques)

LCR (protéine 14 – 3 –3)

EEG et LCR (résultats variables en fonction de la mutation)

Résultats variables

IRM cérébrale (hypersignaux thalamiques)

Biopsie amygdale (présence de prion)

Durée moyenne d’évolution

Six mois

De quelques à plusieurs années

Dix huit mois

Dix huit mois

 

Les différents types de Maladie de Creutzfeldt-Jakob

Nom de la maladie

Nouvelle variante de la maladie de Creutzfeldt-Jacob

Maladie de Creutzfeldt-Jakob « classique »

Maladie de Creutzfeldt-Jakob iatrogène

Abréviation

nv MCJ

MCJ

i MCJ

Date de la découverte

1996

1921

1974

Caractéristiques particulières

Maladies due à l’agent de l’ESB :

-1 cas en Irlande

-2 cas en France

-58 cas confirmés et 12 suspicions en cours au Royaume-Uni (au 2 juin 2000).

La durée d’incubation de la nvMCJ n’est pas connue. La personne la plus jeune atteinte par cette affection avait 15 ans.

Deux types de MCJ classique ont été identifiés :

-MCJ sporadique : forme rare d’origine inconnue. Elle touche chaque année 1 personne/million d’habitants,

-MCJ familiale : très rare due à une mutation génétique

La MCJ iatrogène résulte de la transmission accidentelle de l’agent infectieux par des soins médicaux : cas liés au traitement par de l’hormone de croissance humaine (65 cas recensés en France), cas liés à des greffes de cornée, à l’utilisation d’instruments de neurochirurgie contaminés par l’agent…La durée d’incubation de la MCJ iatrogène a pu être retrouvée : selon les cas, entre 18 mois et 47 ans.

Age moyen d’apparition

29 ans (sur les 10 premiers cas identifiés) la nv MCJ a touché des personnes âgées de 15 à 55 ans

65 ans

variable

Aspect des lésions cérébrales au microscope

Spongiose (aspect d’éponge) avec lésions en forme de marguerite

Spongiose cérébrale, pas de « plaques marguerite »

La survenue d’une MCJ, quelle qu’elle soit, est favorisée par une prédisposition génétique, qui ne concerne qu’une fraction de la population.

 

Les critères de Masters

Signes cliniques retenus : démence, myoclonies, syndrome cérébelleux, syndrome pyramidal ou extrapyramidal, troubles visuels, mutisme akinétique

On dit que la maladie de Creutzfeld-Jakob est :

-possible, s’il existe une démence et 3 des 5 autres signes cliniques ;

-probable, s’il existe une démence, 2 des 5 autres signes cliniques et un électroencéphalogramme EEG caractéristique ;

-définie, s’il existe une démence, au moins 1 des autres signes cliniques avec ou sans électroencéphalogramme caractéristique et des lésions histologiques typiques.

Dans les études épidémiologiques, seuls les cas dits probables et les cas définis sont comptés comme maladie de Creutzfeld-Jakob

 

Critères de diagnostic du nouveau variant MCJ

¤ Critères I

A - Troubles neuropsychiatrique progressif

B - Durée de la maladie > 6 mois

C  -  Les investigations de routine ne suggèrent pas de diagnostic alternatif

D - Pas d’antécédent d’exposition iatrogène potentielle

¤ Critères II

A – Symptômes psychiatriques précoces : dépression, anxiété, apathie, délires

B – Symptômes sensoriels douloureux persistants, y compris douleurs franches et/ou dysesthésies

C – Ataxie

D – Myoclonie ou chorée ou dystonie

E – Démence

¤ Critères III

A – EEG : pas d’image typique de la MCJ classique (après examen par l’équipe de la CJDSU) : complexes périodiques d’ondes triphasiques généralisés à environ un cycle par seconde ou EEG non réalisé.

B – Signal post-thalamique élevé lors de l’IRM (après examen par l’équipe du CJDSU).

¤ Le diagnostic

.Nouveau variant MCJ certain : I.A et confirmation neuropathologique de nvMCJ

.Nouveau variant de MCJ probable : I et 4/5 de II et III.A et III.B

.Nouveau variant de MCJ possible : I et 4/5 de II et III.A

De plus, il existe 3 autres sous-catégories supplémentaires pour les déclarations ne remplissant pas les critères de MCJ possibles :

.Diagnostic imprécis : lorsque les critères de diagnostic pour une MCJ possible, probable ou certaine ne sont pas remplis ou qu’il n’existe pas de diagnostic alternatif raisonnable permettant d’exclure la MCJ..

.MDJ improbable : lorsque les informations indiquent que le diagnostic clinique de MCJ est très improbable en raison des caractéristiques atypiques de la maladie et/ou d’une évolution atypique et/ou de résultats d’investigations cliniques atypiques et/ou si un diagnostic alternatif raisonnable est posé, mais non confirmé. Cette catégorie comprend les cas, qui évoluent cliniquement, sans qu’un autre diagnostic puisse être établi.

.MCJ exclue : lorsque les informations indiquent que la MCJ n’est pas le diagnostic et qu’un autre diagnostic est confirmé par un examen clinique ou des investigations.

Un autre critère a été rajouté : un cas probable inclut également toute personne, dont la biopsie des amygdales est positive et dont la durée des troubles neuropsychiatriques dépasse 6 mois, sans diagnostic alternatif, ni antécédent d’exposition iatrogène.

Source : « Eurosurveillance », vol. 5, n° 9, septembre 2000, 89-100.

 

NOMBRE DE CAS HUMAINS*

 

Royaume-Uni

France

Irlande

1995

4

-

-

1996

10

1

-

1997

10

-

-

1998

18

-

1

1999

14

1

1

2000

28

1

-

total

84

3

2

* A ce jour, sur 89 personnes identifiées comme atteintes de la variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob dans le monde, 86 sont décédées

 

NOMBRE DE VACHES ATTEINTES D'ESB DEPUIS 1988

Royaume-Uni

France

+ de 180,000

+ de 150

 

LES QUATRE FORMES DE LA MALADIE DE CREUTZFELDT-JAKOB (MCJ)

 

Sporadique

Familiale

Iatrogénique

Nouveau variant issu de l’ESB

Fréquence

90 %

10 %

210 cas au monde

88 cas au monde

Age moyen

60-65 ans

45 ans

 

28 ans

Marqueurs biologiques (en évaluation)

Protéine 14-3-3 dans LCR

Gène Prp muté

Protéine 14-3-3 dans LCR parfois

Présence prion pathologique dans amygdale et ganglions

 

MALADIES A PRIONS : PRECAUTIONS EN MILIEU HOSPITALIER

 

Description des procédures

Procédure 1

= maximale : destruction par incinération du matériel contaminé

Procédure 2

1 Trempage dans détergent alcalin (Hexanios°, Aniozyme°)(15 min)

2 Nettoyage à l’Hexanios° ou à l’Aniozymz° (suppression impuretés)

3 Rinçage soigneux, puis

4 Inactivation chimique pendant 1 heure à 20°C par soude 1 N ou par eau de Javel à 6 D chlorométriques

5 Rinçage soigneux, puis

6 Inactivation physique : autoclave > 134°C pendant > 18 minutes

Procédures 3

1 Etapes 1 à 3 de la procédure 2, puis

2 Inactivation

- soit physique, si le matériel l’autorise (étape 6 de la procédure 2)

- soit chimique (étape 4 de la procédure 2), suivie d’un rinçage doigneux suivi d’une stérilisation à l’oxyde d’éthylène

Procédure 4

1 Nettoyage avec le détergent habituellement utilisé (15 min)

2 Rinçage soigneux, puis

3 Stérilisation habituelle (de préférence autoclave > 134°C pendant 18 min) ou désinfection selon le protocole habituel du service

 

Indications des différentes procédures de transmission des ATNC Agents Transmissibles Non Conventionnels ou Prions selon les situations à risque (patients et actes)

 

Actes invasifs à risque démontré de contamination

·               Chirurgie du SNC, touchant la dure-mère, de l’hypophyse

·               Chirurgie ou explorations ophtalmologiques

·               Prélèvement de LCR

·               Autopsie

Actes invasifs à risque virtuel

 

Toute autre intervention, dont :

·               Chirurgie digestive, coelioscopique ;

·               Chirurgie ORL, maxillo-faciale

Patients particulièrement à risque (> 1 / 102)

1 Atteints de MCJ ou avec suspicion clinique de MCJ

Procédure 1

Procédure 3

2 A risque élevé = antécédents de

·               injection  d’hormone de croissance extractive, de gonadotrophine extractive ou de glucocérébrosidase extractive,

·               MCJ familiale au 1er degré (père, mère, fratrie) confirmée ou fortement suspectée

·               neurochirurgie (en particulier, greffe de dure-mère intracrânienne)

Procédure 1 (préférable)

ou

Procédure 2 (alternative)

Procédure 3

Patients à risque virtuel (< 1 / 106)

Tout autre patient, sans aucun élément ci-dessus

Procédure 3

Procédure 4

 

LE RISQUE INFECTIEUX ORGANE PAR ORGANE

Classification des tissus en fonction de leur titre infectieux dans les maladies naturelles (Organisation Mondiale de la Santé)

Haute infectiosité : cerveau, moelle épinière

Infectiosité moyenne : rate, ganglions lymphatiques, amygdales, iléon et côlon proximal, placenta

Infectiosité faible : nerf sciatique, côlon distal, glande surrénale, muqueuse nasale, hypophyse (disséquée)

Infectiosité minime : thymus, moelle osseuse, foie, poumons, pancréas, liquide céphalo-rachidien

Pas d’infectiosité détectable : caillot sanguin, sérum lait, colostrum, glande mammaire, muscles squelettiques, cœur, rein, glande salivaire, salive, ovaire, utérus, testicule, vésicule séminale, fèces.

 

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