Toxidermies
CLASSIFICATIONType I : Réaction immunologique de type immédiat À médiation par les IgE. Médicaments (pénicilline). Elle se manifeste sous la forme d’urticaire et d’angio-œdème de la peau et des muqueuses, d’œdème d’autres organes et d’une chute de la pression artérielle (choc anaphylactique). Elle survient plus fréquemment, lorsque le médicament est administré par voie intraveineuse que par voie buccale. Type II : Réactions cytotoxiques Les médicaments (pénicilline, céphalospoprines, sulfonamides, rifampicine) et les anticorps cytotoxiques entraînent une lyse cellulaire comme par exemple des plaquettes et des leucocytes. D’autres médicaments (quinine, quinidine, salicylamide, isoniazide, chlorpromazine, sulfonamides, sulfonylurées) associés aux anticorps (en formant des complexes immuns) peuvent entraîner une lyse ou une phagocytose. Type III : Maladie sérique, vascularite induite par les médicaments IgG ou moins fréquemment, IgM dirigées contre les médicaments. Cette réaction est induite par le dépôt de complexes immuns circulants dans les petits vaisseaux, entraînant une activation du complément et un recrutement des granulocytes. Début de la réaction : 5 à 7 jours après l’introduction du médicament. Elle se manifeste sous la forme de lésions de vascularite, de lésions urticariennes, d’arthrites, d’atteinte rénale, d’atteinte alvéolaire, d’anémie hémolytique, de thrombopénie et d’agranulocytose. Type IV : Eruption morbilliforme (exanthématique) Réaction immunologique à médiation cellulaire. Les lymphocytes sensibilisés réagissent avec le médicament, entraînant la libération de cytokines, qui elles-mêmes induisent une réponse cutanée inflammatoire. Les réactions d’hypersensibilité se manifestent suivant différentes présentations cliniques :
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Les réactions d’hypersensibilité se manifestent suivant différentes présentations cliniques : Les toxidermies non immunologiques sont secondaires à (1) un mécanisme idiosyncrasique stricto sensu – réactions dues à un déficit enzymatique héréditaire ; (2) une accumulation, comme par exemple une mélanose dans le cas des sels d’or ou de l’amiodarone ; (3) une irritation secondaire à l’application locale d’un médicament ; (4) une réaction individuelle idiosyncrasique après administration locale ou systémique d’un médicament ; (5) des mécanismes encore incompris ; (6) des réactions dues à l’action conjointe d’un médicament et de rayons ultraviolets (photosensibilité). Elles peuvent avoir un mécanisme toxique (T) ou immunologique (allergique) (A). LIGNES DE CONDUITE POUR AFFIRMER LA POSSIBILITE D’UNE TOXIDERMIE* · Les autres causes doivent être éliminées, en particulier les infections, car de nombreuses infections (surtout virales) sont difficiles à différencier cliniquement des réactions secondaires de médicaments utilisés pour les traiter. · L’intervalle de temps entre l’introduction du médicament et le début de l’éruption doit être précisé · Toute amélioration après l’arrêt du médicament doit être notée · Le médecin doit savoir si des réactions identiques ont été associées au même médicament · Toute réaction à la réintroduction du médicament doit être notée DONNEES EN FAVEUR D’UNE POSSIBLE TOXIDERMIE MENAçANT LE PRONOSTIC VITAL* Manifestations
cliniques CUTANEES Erythème confluent Œdème ou atteinte centrale du visage Douleur cutanée Purpura palpable Nécrose cutanée Bulles par décollement épidermique Présence d’un signe de Nikolsky (induction d’une séparation de l’épiderme de derme par une pression latérale) Erosions muqueuses Urticaire Œdème de la langue GENERALESFièvre élevée (température > 40° C) Adénopathies Arthralgies ou arthrites Dyspnée, sifflement respiratoire, hypotension Résultats biologiquesNFS Eosinophilie > 1 000/ul. Lymphocytose avec présence de lymphocytes atypiques BIOCHIMIE Perturbations du bilan hépatique |
*Roujeau JC, Stern RS, Severe adverse cutaneous reactions drugs. N Engl J Med 1994; 331 : 1272-1285
Manifestations cliniques des allergies médicamenteuses
Allergies médicamenteuses généralisées Anaphylaxie Fièvre médicamenteuse Lupus érythémateux systémique LES iatrogène Maladie sérique Vascularite Allergies médicamenteuses organospécifiques Cutanées Urticaire, angiooedèmes, vascularite d’hypersensibilité, éruptions fixes, dermite de contact, dermite exfoliative, érythème polymorphe EP, épidermite nécrolytique toxique NET, syndrome de Stevens-Johnson SSJ Hématologiques Anémie hémolytique, granulopénie, thrombocytopénie, éosinophilie Hépatiques Hépatite cholestatique, lésions hépatocellulaires Pulmonaires Asthme, infiltrats inflammatoires aigus Rénales Néphrite interstitielle aiguë NTIA, glomérulonéphrite GN |
Réactions cutanées médicamenteuses
Type de réaction cutanée |
Médicaments souvent en cause |
Eczéma (dermatite allergique de contact) Photosensibilité Phototoxicité Photoallergie Erythrodermie |
Antihistaminiques, néomycine, formaldéhyde, sulfamides Chlorpromazine, psoralènes, déméclocycline, doxycycline Prométhazine, griséofulvine, Diuril°, hypoglycémiants Carbamazépine, hydantoines, nitrofurantoines, isoniazide, or, allopurinol, phénothiazines |
Eruption maculopapuleuse (exanthème) |
Pénicilline, sulfamides, hypoglycémiants, phénothiazines, allopurinol, phénytoine, quinine, sels d’or, captopril, méprobamate |
Lésions nodulaires Erythème noueux EN Vascularite |
Pilules anticonceptionnelles, sulfamides, diurétiques, or, clonidine, propranolol, furosémide, opiacés, pénicilline Allopurinol, barbituriques, carbamazépine, chlorothiazide, cimétidine, or, indométhacine, hydantoine, pipérazine, sulfamides |
Nécrolyse toxique épidermique NET |
Acétazolamide, allopurinol, barbituriques, carbamazépine, or, hydantoines, nitrofurantoines, pentazocine, tétracycline, quinidine |
Pigmentations |
Anticonvulsivants, APS, agents antitumoraux (bléomycine, busulfan, cyclophosphamide, doxorubicine, melphalan), contraceptifs oraux, corticotropine, tétracyclines, phénothiazines, amiodarone |
Réactions papulosquameuses Psoriasiformes, lichen plan, pseudo-PRG |
Bêtabloquants, lithium (psoriasiforme), thiazidiques, or, phénothiazines, quinine, APS (pseudo-lichen plan), or (pseudo-PR) autres, practolol, dapsone, éthambutol, furosémide |
Réactions pustuleuses acnéiformes |
Hormones androgénisantes, corticoides, iodides, bromides, hydantoines, lithium |
Réactions vésico-bulleuses |
Azapropazone, captopril, clonidine, furosémide, or, psoralènes, barbituriques, phénytoine, hydroDiuril, pénicillamine |
Télangiectasies et lupus érythémateux LE induit |
Procainamide, hydralazine, phénytoine, pénicillamine, triméthadione, méthyldopa, carbamazépine, griséofulvine, acide nalidixique, contraceptifs oraux, propranolol |
Urticaires et érythèmes Urticaire Erythème polymorphe EP |
Peut s’associer à une réaction anaphylactique ; pénicilline, sérum hétérologue, céphalosporines, sulfamides, barbituriques, hydralazine, phénylbutazone, hydantoine, quinidine, produits de contraste radiologique Sulfamides, hydantoine, barbituriques, pénicilline, carbamazépine, allopurinol, amikacine, phénothiazines |
Autres réactions médicamenteuses Erythème pigmenté fixe EPF Alopécie Hypertrichose |
Phénolphtaléine, barbituriques, or, sulfamides, méprobamate, pénicilline, tétracyclines, analgésiques Agents alkylants, antimétaboliques, héparine, coumarines, hydantoine, accutane, or, nitrofurantoine, propranolol, colchicine, allopurinol Agents anabolisants, diazoxide, minoxidil, phénytoine |
Réactions
cutanées médicamenteuses : caractéristiques cliniques et étiologiques |
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Clinique
et étiologie |
Exanthèmes
maculo-papuleux |
Urticaire
angioedème (A) |
PEAG |
Purpura
vasculaire Maladie
sérique |
Phototoxicité |
Photoallergie |
EPF |
SJS/NET |
Hyper-sensibilité |
Diagnostics
différentiels |
Virus,
toxines |
Idiopathique Autres
causes Piqûres
insectes |
Psoriasis
pustuleux |
Infectieux Auto-immun Hémopathies Cancers |
Brûlure
solaires Photosensibilité
métabolique |
Eczéma Lupus
érythémateux LE Photosensibilité
idiopathique |
NET Erythème
polymorphe EP |
Epidermolyse
staphylococcique Erythème
polymorphe EP |
Viroses Hémopathies |
Délai |
7
– 21 j |
Quelques
minutes à quelques heures |
<
48 h |
7
– 21 j |
Quelques
heures après exposition |
7
– 21 j |
Quelques
heures |
7
– 21 j |
20
– 40 j |
Principaux
médicaments en cause |
Allopurinol
Zyloric° Aminopénicillines Anticomitiaux Cytokines IEC Pénicillamine
Trolovol° Phénothiazines Pyrazolés Sels
d’or Sulfamides Thiopronine |
Anesthésiques Aspirine Fibrinolytiques IEC
(A) Pénicilline
(A) Produits
de contraste iodés Sérums Sérums,
vaccins |
Aminopénicillines Inhibiteurs
calciques Macrolides Mercure
Hg Sulfamides |
Allopurinol
Zyloric° Anticorps
monoclonaux Cefaclor
Alfatil° Furosémide
Lasilix° Indométhacine
Indocid° Iode Phénylbutazone Propylthiouracile Streptokinase
Kabikinase°, Streptase° Sulfamides Thiazidiques |
AINS Amiodarone
Cordarone° Chlorpromazine
Largactil° Isoniazide
Rimifon° Phénothiazines Psoralènes Quinolones Sulfonylurées Tétracyclines Thiazidiques |
Topiques : -Acide
paraaminobenzoïque Pabasun°, Paraminan° -Halogénés -Hexachlorophène -Prométhazine
Phénergan° -Salicylanilides Systémiques : -Acide
nalidixique Négram° -AINS -Griséofulvine
Fulcine°, Griséfuline° -Phénothiazines -Sulfamides |
Barbituriques Dipyrone
noramidopyrine Sulfamides
AB Tétracyclines |
Allopurinol
Zyloric° Anticomitiaux Chlormézanone Oxicams Pyrazolés Sulfamides
AB |
Allopurinol
Zyloric° Anticomitiaux Sulfamides
AB |
Part
des causes médicamenteuses |
60
- 80 % (adulte) |
10
% |
>
90 % |
10
% |
?? |
?? |
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